Réforme du bac 2021 : c'est quoi, pour qui, pour quand ?
Après la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur avec l’ouverture de la plateforme Parcoursup, c’est au tour du bac d’être réformé.
Jean-Michel Blanquer (Ministre de l’Education Nationale) a confié à Pierre Mathiot (universitaire et ancien directeur de Sciences Po Lille), la mission de repenser l’organisation du bac. Le projet de réforme a été présenté le 14 février dernier devant le conseil des ministres.
Le nouveau bac, c'est pour quand ? Les premiers concernés par la réforme seront les élèves entrant en première en septembre 2019 et passant donc le baccalauréat en 2021.
Champ d’application de la réforme du bac : pour qui ?
La réforme du baccalauréat en 2021 s’appliquera aux filières générales et technologiques.
Pour rappel, en 2017, le pourcentage de bacheliers d’une même génération s’élevait à 78,9% dont 41,2 % de bacheliers généraux et 15,7% de bacheliers technologiques.
Les lycéens de ces 2 filières ont vocation à poursuivre leurs études au moins en bac+2, voire jusqu'en bac+5.
Toutefois les bacs technologiques gardent leur spécificité. Les séries sont maintenues dans les lycées technologiques. Des passerelles avec le bac général sont envisagées du fait de la création de spécialités mixtes en sciences économiques et sociales (SES) et éco-gestion, ou en sciences de la vie et de la terre (SVT) et sciences médico-sociales.
Les bacs professionnels feront l'objet d'une mission parlementaire distincte.
Pourquoi une réforme du baccalauréat en 2021 ?
Le constat de départ sur lequel s'appuie la réforme, c'est que globalement les élèves ne sont pas assez accompagnés vers l'enseignement supérieur. Les résultats du bac ne jouent le plus souvent aucun rôle dans l'orientation post-bac.
Or, depuis la réforme en cours de l’accès à l’enseignement supérieur, les enseignants universitaires doivent désormais être éclairés dans leurs décisions d'accepter tel ou tel lycéen dans telle ou telle formation.
Si, dans ce cadre nouveau, tous les bacheliers qui le souhaitent doivent pouvoir rejoindre l'université, c’est, toutefois, à la condition qu'ils s'engagent, pour certains d'entre eux, à suivre des modules de remise à niveau adaptés à leurs besoins.
En raison de ces objectifs, un dossier scolaire plus étoffé, ainsi que des épreuves susceptibles de donner des informations claires sur la capacité des élèves à s'adapter aux divers cursus universitaires sont indispensables.
Aussi bien l’idée affichée serait non pas qu'il y ait moins d'élèves qui obtiennent le bac, mais que les élèves obtiennent le bac dans de meilleures conditions.
L’objet de la réforme du bac
L’objet de la réforme est de construire un parcours individualisé mais encadré avec :
- Un tronc commun
Celui-ci est composé de 5 matières communes à la première et terminale avec en plus le français en première et la philosophie en terminale : 16 heures en classe de première et 15 heures 30 en classe de terminale. - Des enseignements de spécialité
Contrairement à ce qui avait été annoncé dans le rapport Mathiot, la spécialisation se fera en première et non dès la seconde.Les séries ES, S et L seront supprimées. Les lycéens auront 12 heures de cours consacrés à des enseignements de spécialité.
Nature des épreuves du nouveau bac
- Des examens écrits : seuls les enseignements de spécialité feront l’objet d’un examen écrit ainsi que le français qui sera maintenu jusqu’en première et la philosophie.
- Un oral de maturité (appelé « grand oral » dans le projet initial) : Les élèves doivent être préparés à exposer leurs idées de manière synthétique en public. Dans les études supérieures comme dans le monde du travail, la prise de parole est fréquente et le « savoir-dire » est important.
Cet oral s’inspire des TPE (travaux personnels encadrés) pratiqués actuellement en classe de première générale. Par ailleurs, ce type d’oral sur projet, avec un gros coefficient, existe déjà et a fait ses preuves dans le cadre du bac technologique. - Un contrôle continu qui prendra en compte des bulletins scolaires du lycée pour une partie de la note et des épreuves communes pour une autre partie.
Actuellement les décisions d’affectation dans filières sélectives se basent quasi exclusivement sur les bulletins scolaires pour 45% des bacheliers.
Dans certains pays européens la part de contrôle continu est élevée : 66% en Allemagne, 60% en Espagne, 40% en Italie, 50% aux Pays-Bas et 100% en Suède.Architecture des parcours au lycée : les étapes clés du bac
Le contenu du « tronc commun » pour les lycéens de première et terminale
Tous les lycéens suivront donc un « tronc commun » composé des matières suivantes :
- Français (première) : 4h
- Philosophie (terminale) : 4h
- Histoire géographie : 3h
- Enseignement moral et civique : 30min
- Langues vivantes 1 et 2 : 4h30 (première) et 4h (terminale)
- Education physique et sportive (EPS) : 2h
- Humanités scientifiques et numériques : 2h
Remarque : l’enseignement consacré aux « humanités scientifiques et numériques » est une vraie nouveauté. « Nous voulons mettre en perspective les grandes révolutions scientifiques et techniques… faciliter la réflexion sur les enjeux liés à l’environnement, la bioéthique ou l’intelligence artificielle » explique le ministre Jean-Michel Blanquer.
Le choix des enseignements de spécialité et des enseignements facultatifs
Les lycéens choisiront 3 spécialités en première et en garderont 2 en terminale.
L’organisation des années de première et de terminale sera trimestrielle (et non semestrielle comme évoqué précédemment).Le choix de ces matières de spécialisation devra se faire entre 11 enseignements (4h en première et 6h en terminale pour chacun) :
- Arts
- Ecologie, agronomie et territoires
- Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques
- Humanités, littérature et philosophie
- Langues et littératures étrangères
- Mathématiques
- Numériques et sciences informatiques
- Physique chimie
- Sciences de la vie et de la terre
- Sciences de l'ingénieur
- Sciences économiques et sociales
Les options rebaptisées « enseignements facultatifs » sont maintenues. Les lycéens pourront choisir un enseignement facultatif en première et jusqu’à deux en terminale d’une durée de 3 heures :
- Mathématiques expertes
- Mathématiques complémentaires
- Droits et grands enjeux du monde contemporain
- Arts
- Langues et cultures anciennes
- Langues vivantes 3
- EPS
Forme et contenu des épreuves du baccalauréat
Une épreuve de français en première puis quatre épreuves en terminale : 60% de la note
En première : une épreuve écrite de français comptera pour 10% de la note finale.
En terminale :
- Deux écrits concernant les deux disciplines de spécialité choisies par l’élève se dérouleront après les vacances de printemps. Ceci permettrait d’intégrer les résultats sur Parcoursup, la nouvelle plateforme post-bac.
Ces épreuves compteront pour 25% de la note finale du bac. - Une épreuve écrite de philosophie comptant pour 10% de la note du bac.
- Un oral dit de « maturité » sur un sujet choisi par l’élève et étudié en première et terminale. L’oral se tiendra en juin et sera organisé en deux parties : dix minutes de présentation par l’élève ainsi que dix minutes de questions-réponses avec le jury (composé de 3 personnes).
Un contrôle continu renforcé : 40% de la note finale du bac
Les autres matières de terminale sont évaluées pendant l’année :
- 10% de la note du contrôle continu se fera sur l’examen des dossiers scolaires
- 30% sur des épreuves écrites (comme des partiels)
Les sujets des épreuves écrites seront issus d’une base nationale (« banque commune d’épreuves »). Ces examens seront corrigés par des professeurs d’autres lycées. L’objectif est de préserver l’anonymat des copies et la juste correction.
Les oraux de rattrapage sont maintenus
Contrairement à ce qui avait été évoqué dans le rapport Mathiot, les oraux de rattrapage sont maintenus. En effet si un lycée obtient entre 8 et 10 de moyenne à la fin de l’année sur le total de ses notes, il pourra donc aller aux oraux de rattrapage comme c’est le cas aujourd’hui.
Autres points de la réforme à préciser et prochaines étapes
Quelques points sont encore flous et nécessitent d’être précisés :
- L’organisation des classes
- La formation des professeurs pour un enseignement pluridisciplinaire et pour l’évaluation de « l’oral de maturité »
- L’harmonisation de l’évaluation du contrôle continu dans les établissements.
- La place de l’aide à l’orientation dans le système scolaire. La réforme prévoit 1h30 par semaine d’accompagnement mais son cadre reste à définir.
En plus de tous ces changements qu’apporte la réforme du bac, la piste d’un nouveau nom pour la terminale a également été évoqué, la proposition de « classe de maturité » a été proposée par le ministre de l’Education Nationale.
La revue totale des programmes est prévue pour la rentrée 2019 par le conseil supérieur des programmes.
De plus, pour être en accord avec la réforme du bac et la réforme de l’enseignement supérieur, une réforme du lycée va être engagée.