Interview Cédric Ghetty
Responsable MSc Digital Marketing & Sales de Kedge Marseille

Nous avons le plaisir d’accueillir cette semaine sur notre blog Cédric Ghetty, responsable du MSc Digital Marketing & Sales de Kedge Marseille, MSc qui va être lancé en septembre 2018. Cédric Ghetty a bien voulu partager avec nous sa vision du Digital.

Qui est Cédric Ghetty ?

Avant de se lancer dans le vif du sujet, quelques lignes pour présenter notre invité.

Cédric Ghetty est un passionné de digital qui s’est spécialisé dans le secteur depuis près de 18 ans. Docteur en sciences de gestion de l’IAE d’Aix-en-Provence, il a démarré une thèse en 2000 sur les communautés virtuelles et le management de l'information. A l'époque, l'internet était embryonnaire. Cédric Ghetty a soutenu sa thèse en 2005 et a ensuite occupé différentes fonctions dans le monde de l’enseignement (Essec Executive, Skema, Kedge Bs etc.).

Originaire de Marseille, Cédric Ghetty est désormais à la tête du nouveau MSc Digital Marketing & Sales de KedgeBS. Derrière ce parcours académique, se cache également un entrepreneur ancré dans le monde réel puisque Cédric Ghetty est aussi le co-fondateur et dirigeant d’une start-up dans le monde l’enseignement supérieur (Your Lecturer).

Et maintenant, place à l’interview.

Recto Versoi : Au-delà du cadre académique, quels sont les aspects du digital qui vous passionnent le plus, qu'est ce qui continue d'alimenter votre passion du digital ?

Il y a plusieurs éléments qui m'animent et qui m'ont animé très tôt en 2000.

Le premier élément, c'est cette promesse que le digital pourrait redonner du pouvoir au consommateur, le remettre au centre des préoccupations digitales des entreprises et ainsi permettre de rééquilibrer les pouvoirs. C'est d'ailleurs exactement ce que nous observons aujourd'hui. Le consommateur a la capacité à aller chercher de la connaissance, des informations sur les produits et peut, en conséquence, faire des choix de consommation informés avec une plus grande transparence.

Deuxièmement le digital permet de réinventer et reformuler les modèles économiques. Le digital est un terrain de créativité et de disruption incroyablement enthousiasmant. Un des éléments qui a, par exemple, largement évolué avec le digital est la proximité de plus en plus grande qu’ont les annonceurs avec le consommateur. Les marques via le digital se rapprochent du consommateur dans leur communication.

Le troisième élément qui a été apporté par le digital est la formulation d’un nouveau message marketing dans la relation avec le consommateur. Le push marketing fait la place à un marketing relationnel plus fort, s'appuyant sur des logiques d'inbound marketing. En tant que marque, il ne s'agit plus de dire que nous sommes les meilleurs. La relation se déporte vers une communication à valeur ajoutée pour le consommateur, relation dans laquelle la marque montre ce qu'elle fait, ses atouts, ses expertises, ses compétences.

Recto Versoi : Dans un contexte digital en perpétuel mouvement, quels sont les métiers du digital les plus recherchés aujourd’hui par les entreprises ?

La demande des entreprises est aujourd'hui différente selon le type d’acteurs qui nous contactent : PMEs, startups ou annonceurs traditionnels. Il y a tout de même des métiers qui en 2018 font l'objet d'une demande récurrente des entreprises.

La première catégorie de métiers est celle liée aux métiers de la Data. A l'ère de la big Data, traiter la donnée est devenue une vraie demande des entreprises. Là-aussi, l'hyperspécialisation est de mise avec deux facettes dans ces métiers de la Data : la facette plutôt technique avec les Data Scientist, Data Analyst... et la facette plutôt marketing qui tourne autour de la gestion de la relation client (CRM, DMP...).

Une demande qui est également très présente aujourd'hui est celle liée aux métiers "social media". Bien loin de la caricature du stagiaire community manager, les entreprises recherchent désormais des "social media manager", capables de combiner l'expertise des réseaux sociaux avec une réflexion marketing aboutie sur les questions de "brand content" et de "storytelling". L'expertise ici demandée est moins la connaissance technique des réseaux sociaux et plus la capacité à engager une communauté autour d'une marque.

Demande qu'il ne faut pas oublier également et qui est désormais un impondérable des stratégies web, le métier de “traffic manager”, fournit des spécialistes de la génération de trafic sur un site web (référencement naturel, référencement payant...).

Il ne faut certainement pas se limiter à cette liste dans la mesure où quasiment tous les métiers du digital sont demandés en ce moment. Par exemple, il y a une vraie tension sur les métiers du développement. A chacun de trouver sa voie dans un secteur où les opportunités sont nombreuses.

Le digital a déjà 20 ans mais il continue de se structurer, avec des métiers, des sous-métiers et une hyper spécialisation qui se met en place aujourd'hui, et qui n’existait pas il y a quelques années. Ainsi, à chacun de saisir son opportunité dans un environnement en perpétuel mouvement.

Recto Versoi : Quelles compétences clés conseilleriez-vous de développer à un jeune désirant s’orienter vers les métiers du digital?

Les compétences recherchées sur ces métiers du digital ne sont pas très différentes de celles que l'on recherche sur tout métier. Comme pour beaucoup de métiers, il faut développer une sensibilité pour le secteur. Cette sensibilité peut s'exprimer de différentes manières en fonction des profils de chaque personne.

Bien sûr, on peut, par exemple, évoquer la curiosité. Personne aujourd'hui ne peut rester pertinent sur le digital sans avoir un minimum de travail de veille. La curiosité organisée est essentielle (veille, curation...). Cela peut être également de premières expériences menées à titre personnel sur la création d'un blog, l'animation de communautés...

Une compétence qui peut être également différenciante est la double compétence, notamment technique-marketing. Ces profils, sont très appréciés des entreprises car ils permettent de faire le lien dans les équipes et d'accélérer les projets : par exemple un développeur bénéficiant d'une formation en marketing digital.

C'est avant tout la maîtrise d'une culture digitale qu’il faut développer.

Une évidence qu'il faut rappeler, c'est que le digital ne dispense pas de maîtriser les fondamentaux du marketing : produit, positionnement... Les bases du marketing sont importantes et il ne faut pas se perdre dans des considérations purement mécaniques ou techniques. Le numérique ne se limite certainement pas à une somme d'outils. C'est avant tout la maîtrise d'une culture digitale qu’il faut développer. Ce n'est par exemple pas en additionnant une présence sur 15 médias sociaux que l'on sera bon. Il vaut mieux être présent sur 3 médias sociaux et développer une véritable stratégie de prise de parole.

Au-delà des compétences, ce qui m'apparaît comme très important, c'est de bien construire son parcours, et notamment de profiter des années d'études pour s'immerger dans différents contextes digitaux (start-ups, grands groupes, PME...) et ainsi ressentir ce qui vous conviendra le mieux.

Recto Versoi : Et dans le futur, comment voyez-vous le digital évoluer ? Quels en seront les nouveaux métiers ?

Selon une étude récente, statistiquement, d'ici 2030, la moitié des métiers seront nouveaux ! On ne peut ainsi pas former nos étudiants à des métiers qui n'existent pas encore.

Notre responsabilité vis à vis de nos étudiants est de leur apprendre à apprendre, notamment dans un secteur où les attentes et les technologies évoluent très vite.

Par exemple, Facebook perd du terrain, aujourd’hui au profit d'Instagram ou Snapchat. Et il est à parier que les cartes seront régulièrement redistribuées dans les années à venir. La topographie digitale de demain sera probablement très différente de celle d'aujourd'hui, d'où cette nécessité d'apprendre à apprendre.

Pour cela, nous développons, chez Kedge, une forte pédagogie par projets, en favorisant une mise en contact permanente avec l'entreprise, le développement d'une stratégie de veille par les étudiants. Au contact de l'entreprise, les étudiants prennent notamment plus rapidement conscience du fait qu'il faut être en permanence en train de se renouveler.

Recto Versoi : Pour finir, pouvez-vous nous présenter votre MSc en quelques mots ?

Il s'agit d'un MSc que nous lançons en septembre 2018, dans un premier temps en formation initiale temps plein, puis en apprentissage. Le MSc sera totalement en anglais et s’articulera autour de 2 grands axes :

• Délivrer une transversalité dans les compétences : au-delà des enseignements sur le marketing digital, nous tenons à ce que nos étudiants puissent acquérir des compétences techniques : création graphique et développement web. Sans en faire des ingénieurs ou des graphistes, cela permet d'évoluer avec beaucoup plus d’aisance au sein d’équipes pluridisciplinaires.
• Favoriser l'immersion en entreprises : au-delà de l'enseignement académique de 360 heures, nous mettons en place ce que nous appelons "l'expérientiel", c'est à dire des projets avec des entreprises, des conférences prospectives (Machine Learning, Blockchain, IA, IoT...), un "study trip", des séminaires Bootcamp (séminaires intensifs sur le développement web, sur le growth hacking...).

Tout cela s'appuie, par ailleurs, sur un écosystème local (French Tech Aix-Marseille...) très dynamique et les infrastructures globales de Kedge, avec par exemple, pour n'en citer que deux, le business nursery et l'incubateur Kedge.

Notre objectif en synthèse : Coupler l'enseignement avec une vraie mise en pratique auprès des entreprises.

Recto Versoi : Le mot de la fin ?

Alors un mot à destination des jeunes : Le digital est un secteur d'emploi avec de très belles perspectives pour les années à venir. Je vous invite à vous y plonger et notamment à passer du côté utilisateur au côté professionnel. Merci à vous !

Recto Versoi : Merci à Cédric Ghetty d’avoir accepté notre invitation et pour le temps consacré.

Lien pour en savoir plus : Master of Science Digital Marketing & Sales Kedge Marseille